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- L’histoire du REAA explique son expansion sur
l’ensemble des continents, dans le respect de ses valeurs
fondamentales d’universalité et d’humanisme. Mais cette
histoire ne s’est pas
faite sans tensions. Aujourd’hui, de plus en plus, la spécificité
de ce rite est perçue par les uns et les autres, et la phase
actuelle de l’histoire pourrait bien être celle d’un dialogue
renoué entre les différentes juridictions. C’est,
essentiellement, un des espoirs du Suprême Conseil du REAA du GODF.
Espoir qui se nourrit de traités d’amitié – que ce soit
notamment en Afrique ou en Europe - de rencontres internationales,
tous les deux ans, entre nombre de Grands Commandeurs et dignitaires
venus de divers pays. « Rencontres Écossaises Internationales »
ouvertes sans exclusive ni volonté d’imposer une « ligne »
ou une suprématie – idée incongrue en Franc Maçonnerie - mais
dans le souci de démontrer que des liens de compréhension réciproque
peuvent se dégager.
- .
- Ainsi, le Suprême Conseil
du REAA du GODF, tout en restant très attentif aux options de
l’obédience, ouvre une panoplie de contacts fraternels sur le
plan international. Ces contacts, selon les juridictions, sont variées
dans leur expression, allant du simple échange de lettres à la présence
effective aux rencontres internationales institutionnelles. Le
passage de plus en plus marqué de la première démarche à la
seconde laisse espérer une ouverture progressive à la volonté de
se rencontrer et de se parler. C’est bien cet esprit volontariste
de baisser les barrières héritées de l’histoire que proposent
les textes élaborés lors des « Rencontres Écossaises
Internationales » du REAA.
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- La
Rencontre Internationale de mai 2003 à New York était organisée
par la juridiction Oméga de New York..
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- Pour
mémoire, c’est le 15 juillet 1971 que se sont réunis pour la première fois à San
Francisco, en Californie, dix Maçons noirs américains du Rite Écossais
Ancien et Accepté, dans le but déclaré de se constituer en
nouveau Suprême Conseil ; souché sur la Grande Loge libérale
OMEGA, Or\
de New-York , Obédience membre du CLIPSAS et composée
exclusivement de Frères de couleur. Il leur aura néanmoins
fallu s’ armer de patience et de beaucoup de persévérance
avant que leur projet ne prenne réellement forme. Ce n’est, en
effet, que le 17 juin 1979, soit un peu plus de huit ans plus tard
et au terme d’ un long et patient travail préparatoire, que onze
des Souverains Grands Inspecteurs Généraux ayant participé à
cette première réunion en Californie se rendent en Italie pour
participer à la cérémonie constitutive organisée sous les
auspices du Suprême Conseil d’ Italie du 33° et dernier degré.
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- Les
documents disponibles mettent en évidence la création, le 26 juin
1980, de structures para-maçonniques parrainées par le Suprême
Conseil OMEGA et ayant pour vocation d’accueillir les épouses,
filles et sœurs de membres de cette juridiction écossaise :
Les « Sœurs de la Maison de Minerve » et les « Filles
du Sphinx ».
- .
- Ces
documents font également apparaître la volonté de cette
juridiction d’étendre ses contacts internationaux. Dans ce
secteur, les rapports avec le Grand Collège des Rites du G\O\D\F\
ne viennent que relativement tard. En effet, il faudra attendre 1985
avant que deux BB\AA\FF\
du Souverain Chapitre « L’ Atlantide », Val\
de New-York, et relevant donc de notre juridiction, soient reçus en
visite au Suprême Conseil OMEGA. Depuis lors, les relations n’
ont cessé de se renforcer. En 1993 le Suprême Conseil OMEGA
participe à la rencontre Écossaise internationale de Mexico et il
reçoit la même année, à New-York, le T\I\F\
Herberto Fabre, du S\C\
de la Grande Loge de langue espagnole pour l’ Amérique du Nord,
venu exposer les grands enjeux maçonniques internationaux au titre
du « CLIPSAS ».
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- C’est
à cette jeune juridiction qu’il revient donc, en mai 2003,
d’accueillir les délégations d’Europe, d’Afrique et de l’hémisphère
américain qui ont répondu à son invitation, puis de mener les débats
prévus.
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- Fait important dans les perspectives envisagées,
pour la première fois
donc dans l’histoire du REAA une Rencontre Écossaise
Internationale prenait place aux États-Unis d’Amérique.
- .
- A l’initiative de plusieurs Suprêmes Conseils
une discussion s’est engagée au sujet des relations
inter-juridictionnelles écossaises internationales dans un univers contemporain.
- Les Suprêmes Conseils de France et de Belgique
avaient déposé des documents de travail à ce sujet. A l’issue
des débats un projet de résolution a été adopté par consensus;
il donne mandat au Suprême Conseil OMEGA, au Suprême Conseil Grand
Collège du REAA du GODF et au Souverain Conseil du Rite Écossais de
Belgique de préparer un projet à faire circuler entre juridictions
dans les six mois en vue de son adoption par les juridictions.
L’objectif est de s’accorder sur les termes d’un « Code
de conduite » garantissant la non ingérence dans la
souveraineté des Suprêmes Conseils.
- .
- Hors ordre du jour de la 17 ème Rencontre Écossaise
Internationale - mais non sans intérêt pour
l’observateur de l’esprit dans lequel évoluent les Suprêmes
Conseils du REAA - la délégation du S.C. du Sérénissime Grand
Orient de Grèce a demandé à faire une présentation et à engager
un débat portant sur un différend l’opposant au Souverain Collège
du Rite Écossais de Grèce ainsi que faisant référence à celui
entre les deux Obédiences grecques.
A l’issue d’un débat de principe, l’assemblée a
conclu que ce type de problèmes
nationaux ne pouvaient trouver de solution dans cette
enceinte qui n’était pas le cadre approprié. Une requête
tendant à instituer une commission d’enquête ne bénéficiât
pas non plus du consensus nécessaire à la soutenir.
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- Une série de rapports nationaux de grande richesse
furent ensuite présentés sur le thème de travail de la 17ème
Rencontre Écossaise Internationale : « Tradition et
modernité doivent-elles être considérées comme une alternative
ou comme un compromis qui serait compatible avec l’initiation
progressive écossaise ? ».
- .
- En conclusion le débat parvint au consensus
qu’il n’y a aucune nécessité pour quelque maçon que ce soit
d’opposer tradition à modernité dans le REAA qui demeure sur
toute la surface du globe une Chaîne d’Union exceptionnelle
proposant un large éventail de solutions pour contribuer au progrès
de l’humanité.
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- La cérémonie de clôture s’est accordée pour
adopter, par consensus, le procès-verbal qui sera édité en
anglais, français et espagnol sous le titre de « Acte final
de la 17ème Rencontre Écossaise Internationale de New
York ».
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- Au terme de ses travaux, l’Assemblée a décidé
de retenir le thème « Définition d’une déclaration de
Genève, reflet d’un Ecossisme du XXIème siècle » pour
la 18ème Rencontre Écossaise Internationale prévue à
Genève en 2005.
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- La
Rencontre Écossaise
Internationale de 2005 à Genève
se présente donc comme l’occasion d’une réflexion en
profondeur sur le devenir du REAA dans le respect de ses bases
initiales. En effet, la déclaration de Lausanne de 1875 a énoncé
en son temps des principes généraux qui ont régi longtemps le
paysage écossais international.
- .
- Certains
préceptes doctrinaux y ont été inscrits, auxquels notre S.C. n'a
pas nécessairement adhéré. Mais fidèles à la philosophie
fondamentale du Grand Orient de France qu'est la liberté absolue de
conscience, nous considérons que les options philosophiques,
spirituelles et intimes, relèvent de la seule conscience
individuelle de nos membres. A l’instar de l’ensemble de notre
Obédience, nous vivons très bien les formules ad libitum concernant
notamment l'invocation du GADLU, d'ailleurs incomparablement plus présent
dans des Loges symbo1iques du GODF que dans les Ateliers du Grand
Collège. C'est notre lecture dynamique et ouverte de la. liberté
absolue de conscience et son application à tout le corpus de «Lausanne
1875» qui trouve là son expression. Ainsi n'adhérons-nous pas
à tout, mais il n'est point besoin pour autant de nous inscrire en
rupture. C'est l’adhésion au consensus qui conduit à. cette «
acceptation-non adhésion ». C’est le plus grand dénominateur
commun.
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- Au
moment où le Grand Orient et son Suprême Conseil commémorent et célèbrent
à l’unisson l’année du Rite Écossais Ancien Accepté pour
marquer le Bicentenaire du Concordat du 5 décembre 1805 qui fonde
la légitimité écossaise du G\O\D\F\,
deux options au moins s’offrent aux Maçons : la première
serait le repli identitaire et hexagonal, la seconde élargissant
notre champ visuel et en portant un regard englobant d’autres
dimensions.
- .
- Cette
dernière option plus prometteuse et davantage dans l’esprit du
REAA qui ne peut se satisfaire raisonnablement de considérer notre
univers maçonnique du début du XXIème siècle en termes de
fractures, avec des cloisonnements étanches. Est-il réaliste de
faire abstraction des réalités universelles ? Des réalités
qui nous déroutent souvent, nous interpellent certainement. Mais
qui sont bien là.
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- Se
pose, ici, le problème de la déclaration de Lausanne et les
blocages qu’elle peut susciter, selon certains. En effet, quelques
principes «contraignants» ont été retenus en 1875. Mais, dans
notre société du XXIème siècle se justifie au moins un examen
quant à leur juste adéquation avec notre temps et à la pertinence
de leur permanence.
- .
- Il
est intéressant, à titre documentaire, d'observer que dans le
courant écossais «inféodé» à la Juridiction Sud des États-Unis,
la déclaration de Lausanne de 1875 n'est plus considérée par tous
les Suprêmes Conseils comme le texte de référence
par excellence. D'ailleurs le Suprême Conseil de la Juridiction Sud
a lui-même renoncé à cette référence dans la deuxième moitié du
XXème
siècle. Et il n'y a substitué aucun autre texte auquel les
autres juridictions se
seraient à leur tour ralliées. Nous allons donc plus loin et plus
« respectueusement » de l' avant.
- .
- La
déclaration de Lausanne est donc un document qui appartient
à notre histoire collective et au patrimoine de l'écossisme du XIXème
siècle qui a eu ses heures de gloire et ses mérites. C'est donc ce
qu'il convient bien de considérer comme un texte
fondateur dont il importe, pour nous, de savoir ne pas en
faire une lecture au premier degré. Il est même essentiel de
la considérer pour cela et comme cela seulement. Ses vertus
contemporaines sont donc limitées. Pour autant convient-il de ne
pas le « renier ».
- .
- Au
moment où des Suprêmes Conseils féminins et mixtes, ayant émergé,
se développent et s'affirment, ils posent ouvertement le défi ou
la question de la discrimination sexiste dans le système écossais des hauts grades. Il
est fait observé qu'il n'en est point ainsi au niveau des Obédiences
administrant des ateliers symboliques qui connaissent - au moins
chez nous en France - un éventail largement ouvert masculin, féminin
ou mixte avec des règles d'inter-visites.
- .
- Dans
un même temps, nul ne peut ignorer que la «diplomatie écossaise»
est un élément essentiel aussi de dialogue international entre Écossais
reconnaissant ou pas les contenus de la Déclaration de
Lausanne, mais y faisant référence néanmoins pour y avoir
recours comme «prétexte» au surpassement de ce qui divise
ou surpassement en tout cas des courants de pensée, philosophiques
ou doctrinaux distincts et parfois fort éloignés les uns des
autres. Mais tous s'accordent pour autant dans un « concert »
écossais feignant donc largement d’ignorer les différences ou
les gommant. .
- .
- Aujourd’hui, l'esprit qui devrait présider à notre
démarche pourrait opportunément s'inspirer de l’élan fort de
modernité de bon aloi que fut la déclaration de Strasbourg
instituant le CLIPSAS. Nous pourrions notamment y puiser
pour l'adapter et l'aménager dans un contexte écossais du XXIéme
siècle, de facture comparable (en qualité et en longueur) pour en
tirer le meilleur parti. Nous aurions aussi quelque avantage à
reprendre à notre compte un certain nombre de déclarations
pertinentes des « Rencontres Écossaises Internationales »
pour les réunir dans un syllabus écossais contemporain traduisant
une volonté commune forgée par les juridictions écossaises au fil
de leurs échanges internationaux
sur plusieurs décennies.
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- Cela
ne suffira pas bien entendu à nous situer dans une perspective qui
soit de nature à nous projeter en tant que Rite dans un univers où
tout va toujours plus vite. Mais devons-nous viser cela?
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- Notre
aptitude, à concilier l’ancrage dans la tradition héritée et la
juste adéquation aux évolutions, déterminera pour une large part
la capacité du REAA à continuer à prospérer et à rester un rite
phare et véritablement universel. Car il s’agit bien d’une
adaptation souple à des contextes en constante évolution et différents
selon les périmètres considérés sans rien céder sur
l'essentiel, c'est-à-dire l'esprit du rite.